Au-delà de la justice

Malachie 3:13-18

Vous avez contre moi des paroles dures, – dit le Seigneur. Et vous osez demander : « Qu’avons-nous dit entre nous contre toi ? » Voici ce que vous avez dit : « Servir Dieu n’a pas de sens. À quoi bon garder ses observances, mener une vie sans joie en présence du Seigneur de l’univers ?Nous en venons à dire bienheureux les arrogants ; même ceux qui font le mal sont prospères, même s’ils mettent Dieu à l’épreuve, ils en réchappent ! » Alors ceux qui craignent le Seigneur s’exhortèrent mutuellement.

Le Seigneur fut attentif et les écouta ; un livre fut écrit devant lui pour en garder mémoire, en faveur de ceux qui le craignent et qui ont le souci de son nom. Le Seigneur de l’univers déclara : Ils seront mon domaine particulier pour le jour que je prépare. Je serai indulgent envers eux, comme un homme est indulgent envers le fils qui le sert fidèlement. Vous verrez de nouveau qu’il y a une différence entre le juste et le méchant, entre celui qui sert Dieu et celui qui refuse de le servir. Voici que vient le jour du Seigneur, brûlant comme la fournaise. Tous les arrogants, tous ceux qui commettent l’impiété, seront de la paille. Le jour qui vient les consumera, – dit le Seigneur de l’univers –, il ne leur laissera ni racine ni branche. Mais pour vous qui craignez mon nom, le Soleil de justice se lèvera : il apportera la guérison dans son rayonnement.

C’est une grande illusion de croire que l’on peut vivre sans chercher profondément la vérité. Même si cela semble fonctionner, il reste un vide au fond de l’âme, parce qu’elle a été créée pour Dieu. La tromperie va encore plus loin quand on croit qu’il est indifférent de servir Dieu ou non, quand on a une conception erronée de la patience de Dieu, comme si cela signifiait que l’homme peut faire et ne pas faire ce qu’il veut, sans que le Seigneur n’intervienne.

Mais pour ceux qui essaient de suivre les voies de Dieu, il est parfois difficile de comprendre pourquoi il attend si longtemps pour appliquer sa justice. Nous entendons cette interrogation dans les psaumes, elle est exprimée par les disciples (cf. Lc 9,54) et elle trouve également un écho dans l’Apocalypse (6,10).

Mais la lecture d’aujourd’hui nous exhorte à une grande patience et à une profonde confiance : tout est et restera entre les mains de Dieu !

Nous, les humains, aspirons à la justice et, en ce sens, il est légitime de demander au Seigneur pourquoi les méchants et les mauvais vivent apparemment bien, alors que les justes ont souvent beaucoup à souffrir. Il ne s’agit pas de tomber dans une sorte de pharisaïsme, en soulignant nos propres mérites et en les comparant aux actions d’autres personnes. Mais ces questions peuvent surgir du plus profond de notre âme, ou bien ce sont d’autres personnes qui soulèvent ces doutes.

En tant que chrétiens, nous ne cherchons pas seulement à rétablir la justice pour nous-mêmes, mais nous ouvrons les yeux et nous nous préoccupons de ceux qui font le mal et ne vivent pas selon les préceptes de Dieu. Que leur arrivera-t-il s’ils ne se repentent pas de ce qu’ils font ? Comment se tiendront-ils devant Dieu, alors que leur vie est enchevêtrée dans le péché ? Une conversion sera-t-elle encore possible, alors que l’orgueil est entré au plus profond du cœur de la personne ?

Lorsque nous nous tournons vers la miséricorde de Dieu, qui aspire à la conversion du pécheur, nous devenons « le gardien de notre frère » (cf. Gn 4,9). C’est l’amour de Dieu qui est prêt à tout pour sauver le pécheur et le perdu ! Et cet amour devient notre motivation ! Dans l’amour de Dieu, nous apprenons à nous mettre en retrait pour aller à la recherche des perdus.

Nous voyons que, dans la venue de notre Seigneur dans le monde, un nouveau niveau d’amour est manifesté. Au lieu de se contenter d’appliquer la justice, Dieu ouvre grand son cœur aux perdus… L’exigence de justice demeure, car un pécheur et un malfaiteur ne pourra pas cacher ses méfaits. Mais l’amour de Dieu va si loin qu’il se donne aux hommes sur la croix et leur offre le pardon de tous leurs péchés. Le Seigneur lui-même a pris sur lui le fardeau de la culpabilité et a ainsi rétabli toute justice. Il ne reste plus à l’homme qu’à accepter l’offre de la grâce et à se convertir.

En plus de se réjouir de la justice, le fidèle se réjouit de la conversion du pécheur. Le fils prodigue est accueilli par son père et une grande fête est célébrée en son honneur (cf. Lc 15,11-32). L’amour et la patience de Dieu suivent l’homme dans toutes ses voies, attendant toujours sa conversion pour qu’il ne soit pas perdu.

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