Jn 6,35-40
En ce temps-là, Jésus dit à la foule : „Personne ne peut venir à moi, si le Père qui m’a envoyé ne l’attire, et moi, je le ressusciterai au dernier jour. Il est écrit dans les prophètes : Ils seront tous instruits par Dieu lui-même. Quiconque a entendu le Père et reçu son enseignement vient à moi. Certes, personne n’a jamais vu le Père, sinon celui qui vient de Dieu : celui-là seul a vu le Père. Amen, amen, je vous le dis : il a la vie éternelle, celui qui croit. Moi, je suis le pain de la vie. Au désert, vos pères ont mangé la manne, et ils sont morts ; mais le pain qui descend du ciel est tel que celui qui en mange ne mourra pas. Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. Le pain que je donnerai, c’est ma chair, donnée pour la vie du monde. »
Personne ne peut reconnaître Jésus et l’appeler « mon Seigneur » si ce n’est par l’action de l’Esprit Saint (cf. 1 Co 12, 3) ; ou, comme le dit le texte d’aujourd’hui, personne ne peut venir à Lui si le Père ne l’attire pas.
La foi est donc, en premier lieu, une œuvre de Dieu, qui nécessite ensuite notre acceptation et notre mise en pratique au quotidien. Cette offre de foi est disponible pour chaque personne et n’exclut personne. Cela rend l’appel à l’évangélisation d’autant plus urgent, afin que tous les hommes puissent apprendre ce que Dieu a en réserve pour eux.
Dans l’Évangile de ce jour, Jésus continue d’instruire les Juifs, afin qu’ils puissent mieux le comprendre, lui et le Père.
Pendant leur errance dans le désert, les Israélites avaient reçu la manne, qui était devenue pour eux le grand signe de la présence de Dieu et du fait qu’il prenait soin d’eux (Ex 16,4). Une partie de cette manne a même été conservée dans l’Arche d’Alliance, afin que les générations suivantes puissent voir le pain qui avait rassasié leurs pères dans le désert. Or ce pain est rendu présent en Jésus. Il ne s’agit plus seulement d’un signe qui témoigne de la présence de Dieu ; celui qui a opéré ce signe se rend lui-même présent. Ce n’est plus seulement le pain matériel, nécessaire pour préserver la vie naturelle, c’est Celui qui est la vie même (Jn 14,6).
Les Juifs étaient maintenant invités à grandir dans la connaissance de Dieu, à reconnaître sa présence en la personne de Jésus et à obtenir ainsi une grande lumière pour comprendre plus profondément que toute l’histoire que Dieu avait écrite avec eux était orientée vers la venue de Jésus et sa présence au milieu d’eux.
Les expériences de l’ancienne alliance étaient un cheminement et une préparation à la venue du Messie : « Vos pères ont mangé la manne, et ils sont morts ; mais le pain qui descend du ciel est tel que celui qui en mange ne mourra pas. »
Nous savons que les Juifs avaient du mal à comprendre ces paroles du Seigneur, peut-être aussi parce qu’ils essayaient de les embrasser dans leur mode de pensée humain. Il peut en être de même pour nous !
Cependant, il s’agit plutôt de la lumière de la foi qui nous pénètre, et non pas tant de pouvoir la saisir immédiatement avec notre entendement. Car la foi est une lumière surnaturelle, qui doit d’abord se répandre en nous, et ce n’est qu’ensuite que nous pouvons mieux la comprendre avec notre raison, qui n’est qu’une lumière naturelle, avec ses limites.
Pour que cette lumière puisse agir en nous, un cœur ouvert est donc plus nécessaire qu’un grand intellect. Par conséquent, lorsque nous sommes confrontés aux mystères de la foi ou à des questions qui s’y rapportent, nous ne devons pas essayer de tout comprendre immédiatement avec notre entendement, mais d’abord écouter.
Dans l’Évangile d’aujourd’hui, le Seigneur cite une parole des prophètes : « Ils seront tous instruits par Dieu lui-même ». Si nous appliquons concrètement cette affirmation, nous écouterons Dieu comme notre Maître, afin que ce qu’Il veut nous dire puisse nous pénétrer, réjouir notre cœur et éclairer notre compréhension.
C’est peut-être là le problème le plus profond, qui explique pourquoi le Seigneur n’a pas été reçu de la manière qui aurait correspondu à la vérité et à l’amour. Jésus rencontre souvent des cœurs endurcis, des cœurs qui ne veulent pas se laisser instruire. Dans l’Ancienne Alliance aussi, nous entendons parler de cette souffrance de Dieu, combien de fois nous entendons la plainte que le peuple n’écoute pas, que son cœur est fermé, qu’il est obstinément rebelle, qu’il est trop fier pour comprendre les humbles voies de Dieu ! Voici la situation où le Seigneur se tient à la porte de notre cœur et frappe, mais elle n’est pas ouverte.
Outre le fait que nous devons toujours examiner devant Dieu l’état de notre propre cœur, afin qu’il ne soit jamais fermé à ses instructions, nous ne pouvons oublier de prier pour les personnes qui n’ont pas encore été touchées par l’Évangile, afin qu’elles puissent percevoir comment le Père les attire et lui ouvrir la porte de leur cœur. Dieu ne veut rien d’autre que se donner… et c’est suffisant !
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