(Mc 7,20-23)
Il leur dit encore : « Ce qui sort de l’homme, c’est cela qui le rend impur. Car c’est du dedans, du cœur de l’homme, que sortent les pensées perverses : inconduites, vols, meurtres, adultères, cupidités, méchancetés, fraude, débauche, envie, diffamation, orgueil et démesure. Tout ce mal vient du dedans, et rend l’homme impur.
En acceptant de percevoir nos ombres devant un Dieu d’amour, un double réalisme émerge : d’une part, on reconnaît le « côté obscur » en soi ; et, en même temps, on rencontre la miséricorde de Dieu. Nous commençons à comprendre que Dieu ne nous rejette pas ou ne nous punit pas à cause de l’impureté qui vient de notre cœur, mais que, dans son amour, il a entrepris d’apporter la lumière dans les ténèbres.
Il ne s’agit donc nullement d' »intégrer notre ombre » – comme le propose, par exemple, la soi-disant « psychologie des profondeurs » – en considérant notre « côté sombre » comme faisant partie de notre personnalité. Ce n’est pas en cela que peut consister le processus de transformation du cœur. Une vision correcte de « l’intégration de l’ombre » consisterait à admettre qu’il existe des gouffres dans notre cœur et que ceux-ci ne peuvent être réprimés. Cependant, l’ombre n’appartient pas essentiellement à l’homme ; elle est la déformation de son être véritable, l’héritage du « vieil Adam » qui, se détournant de Dieu, est tombé sous la domination du péché (cf. Rm 5,12). Cette ombre défigure l’image de Dieu en nous ; mais Lui, dans sa bonté, veut la restaurer. Pour ce processus, la purification du cœur est essentielle.
Il faut donc une décision claire de la volonté de ne pas vouloir tolérer ou relativiser ce qui, en nous, ne s’accorde pas avec l’amour et la vérité. Pour que nous voyions que nous devons assumer la responsabilité de ce qui se passe en nous, il suffit de rappeler cette parole de Jésus qui nous dit que le péché d’adultère commence déjà par le regard impur et pas seulement par l’acte lui-même (cf. Mt 5,27-28).
Dans le processus vers un cœur pur, nous ne pouvons ni faire de compromis ni tolérer les demi-mesures. Pour prendre cette décision claire, la condition préalable est d’avoir fait l’expérience de ce que l’on appelle la « première conversion », car à partir de là, nous nous engageons sur le chemin de la « deuxième conversion », que l’on peut également appeler « conversion du cœur ».
Cette décision de la volonté, que nous devons prendre et maintenir fermement et consciemment, est notre contribution essentielle à la transformation de notre cœur. Mais la décision seule ne suffira pas, surtout en raison de nos faiblesses humaines, que le Seigneur connaît bien. La part principale de la transformation du cœur est apportée par la grâce de Dieu. Dans ce sens, nous trouvons deux affirmations significatives dans la Sainte Écriture : d’une part, le Seigneur nous exhorte : « Faites-vous un cœur nouveau » (Ez 18,31) ; d’autre part, Il nous assure : « Je vous donnerai un cœur nouveau » (36,26).
Le processus concret consiste donc à présenter au Seigneur dans la prière tout ce que je découvre en moi qui n’est pas en accord avec la voie du Seigneur. Parce que nous sommes assez aveugles à nos propres fautes et attitudes erronées, nous devons demander à l’Esprit Saint, encore et encore, de nous montrer ce qui doit encore être transformé, ce qui ne correspond pas à la voie de la sainteté.
Revenons au sujet des mauvaises pensées, qui est la première chose que le Seigneur a mentionnée dans ce passage de l’Évangile.
Si de mauvaises pensées surgissent dans notre cœur, nous devons immédiatement prier Dieu, invoquer le Saint-Esprit et les contrer de cette manière. Saint Benoît enseigne que nous devons frapper les mauvaises pensées contre le rocher du Christ.
Il serait important d’observer si de telles pensées apparaissent de manière répétée. Si tel est le cas, cela indiquerait qu’il ne s’agit pas simplement d’éventuelles attaques du diable, mais qu’elles sont plus profondément ancrées en nous et liées à certains sentiments. Ensuite, il ne suffit généralement pas de les rejeter énergiquement une seule fois, mais nous devons les amener encore et encore devant le Seigneur – peut-être dans le tabernacle – et lui demander de nous guérir et de nous délivrer.
Par exemple, il arrive que chaque fois que je vois une certaine personne, de mauvaises pensées et de mauvais sentiments surgissent en moi. Je suis maintenant conscient que ces pensées sont mauvaises et contraires à l’amour. Alors je lutte contre elles… En fait, je parviens à chasser ces pensées, ce qui est déjà une victoire. Cependant, ils reviennent presque à chaque fois que je vois cette personne. Cela pourrait indiquer que j’ai encore quelque chose contre elle dans mon cœur, que je ne lui ai peut-être pas pardonné, que j’ai du ressentiment à son égard, etc. Il faut donc constamment porter ces sentiments intérieurs devant Dieu et lui en parler, lui demander de les guérir par le Saint-Esprit et de m’en libérer ?
Ainsi, je travaillerai à deux niveaux : d’une part, contrecarrer les mauvaises pensées actuelles, ne pas y céder et détourner ma volonté d’elles. D’autre part, nous nous attaquons également à la cause profonde : les mauvaises pensées et les mauvais sentiments peuvent être enracinés dans le cœur depuis un certain temps. Ensuite, le rejet actuel de l’autre personne peut toujours « retomber » sur ce potentiel, pour ainsi dire, s’il n’a pas été guéri et libéré par le Seigneur.
Demain, nous poursuivrons avec la troisième partie de ce thème…