Mt 8,1-4
Comme Jésus était entré à Capharnaüm, un centurion s’approcha de lui et le supplia : « Seigneur, mon serviteur est couché, à la maison, paralysé, et il souffre terriblement. » Jésus lui dit : « Je vais aller moi-même le guérir. » Le centurion reprit : « Seigneur, je ne suis pas digne que tu entres sous mon toit, mais dis seulement une parole et mon serviteur sera guéri. Moi-même qui suis soumis à une autorité, j’ai des soldats sous mes ordres ; à l’un, je dis : “Va”, et il va ; à un autre : “Viens”, et il vient, et à mon esclave : “Fais ceci”, et il le fait. » À ces mots, Jésus fut dans l’admiration et dit à ceux qui le suivaient : « Amen, je vous le déclare, chez personne en Israël, je n’ai trouvé une telle foi. Aussi je vous le dis : Beaucoup viendront de l’orient et de l’occident et prendront place avec Abraham, Isaac et Jacob au festin du royaume des Cieux, mais les fils du Royaume seront jetés dans les ténèbres du dehors ; là, il y aura des pleurs et des grincements de dents. » Et Jésus dit au centurion : « Rentre chez toi, que tout se passe pour toi selon ta foi. » Et, à l’heure même, le serviteur fut guéri. Comme Jésus entrait chez Pierre, dans sa maison, il vit sa belle-mère couchée avec de la fièvre. Il lui toucha la main, et la fièvre la quitta. Elle se leva, et elle le servait. Le soir venu, on présenta à Jésus beaucoup de possédés. D’une parole, il expulsa les esprits et, tous ceux qui étaient atteints d’un mal, il les guérit, pour que soit accomplie la parole prononcée par le prophète Isaïe : Il a pris nos souffrances, il a porté nos maladies.
« Chez personne en Israël, je n’ai trouvé une telle foi » ! Le Seigneur n’a pas voulu se soustraire à cette foi, même si le centurion n’appartenait pas au peuple d’Israël et que Jésus se savait envoyé vers les brebis perdues d’Israël (cf. Mt 15,24). Au contraire, le centurion appartenait à la force d’occupation romaine, à laquelle le peuple d’Israël était plutôt hostile. Mais Jésus a regardé le cœur de cet homme et sa foi étonnante. Dans la sainte liturgie de l’Église catholique romaine, une phrase de ce centurion a été reprise, légèrement modifiée, et même répétée trois fois dans l’ancien rite romain : « Je ne suis pas digne que tu entres sous mon toit, mais dis seulement une parole et mon serviteur sera guéri ».
Qu’est-ce qui rend la foi du centurion si exemplaire que Jésus la présente à tous ?
Il y a d’abord de l’humilité. Il est conscient qu’il y a une grande différence entre lui et Jésus. Il ne se présente en aucun cas comme le Romain orgueilleux qui exige de Jésus une guérison. Non, il vient prendre la défense d’un autre homme, de son serviteur malade. Si nous partons du principe qu’il n’a pas fait cela pour son propre intérêt, nous voyons qu’il avait un cœur pour lui. C’était certainement différent dans de nombreuses maisons romaines, où les serviteurs étaient certainement simplement remplacés lorsqu’ils ne pouvaient plus remplir leur fonction. Mais le fait que le centurion se soit levé pour son serviteur, parce que celui-ci souffrait beaucoup, indique une autre attitude du centurion.
En se basant sur son propre exemple – en tant que centurion qui donnait des ordres qui étaient suivis – il a facilement déduit l’autorité du Seigneur et il était clair pour lui que ce que le Seigneur disait arriverait ; il suffisait d’une parole de Jésus, il n’avait même pas besoin de venir lui-même.
Et Jésus lui accorda l’exaucement de sa demande : « Rentre chez toi, que tout se passe pour toi selon ta foi ». Nous voyons vraiment ici une foi exemplaire ; c’est sur le fondement de l’humilité que vit le souci aimant pour un autre et la ferme conviction que le Seigneur peut guérir.
Mais cet exemple est important pour une autre raison. Dans le contexte de cet événement, Jésus fait une déclaration sur l’avenir : « Beaucoup viendront de l’orient et de l’occident et prendront place avec Abraham, Isaac et Jacob au festin du royaume des Cieux, mais les fils du Royaume seront jetés dans les ténèbres du dehors ; là, il y aura des pleurs et des grincements de dents. »
Cela vaut pour la venue des nations, pour lesquelles le centurion païen est un signe. Et en effet, c’est par le biais de la foi dans le Fils de Dieu que Dieu offre aux peuples païens un accès direct à lui. Le message du Seigneur ne s’arrête pas aux brebis perdues d’Israël, il s’ouvre à l’humanité entière, invitée à entrer dans la maison du Père céleste.
A la fin du texte, nous voyons Jésus à nouveau au service des possédés et des malades. Tous ceux qui s’approchent de lui en toute confiance bénéficient de son aide bienveillante. En revanche, les mauvais esprits qui tourmentent les hommes sont chassés par sa parole.
L’exemple du centurion nous invite,
– à demander une foi forte et à nous approcher de Jésus avec cette foi ;
– à intercéder en particulier pour les autres ;
– à exercer le ministère de guérison et de délivrance, même lorsqu’il nous est demandé de le faire.