ITINÉRAIRE DE CARÊME | Jour 12 : « La lutte contre la cupidité et la colère »

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En poursuivant le thème de la lutte contre les vices, nous parlerons aujourd’hui de la cupidité et de la colère.

  1. La lutte contre la cupidité

Jean Cassien fait remarquer que ce vice devrait être plus facile à combattre, car son objet n’est pas ancré dans notre nature. Cependant, si nous avons donné une place à la cupidité, alors, selon Cassien, elle devient un vice encore plus dangereux que les autres, dont il est difficile de se débarrasser. Saint Paul affirme également que « la racine de tous les maux, c’est l’amour de l’argent. » (1 Tim 6,10), car elle peut devenir le carburant de divers autres vices.

Si l’on succombe à l’avidité, qui ne s’applique pas seulement à la convoitise de l’argent mais à toutes sortes de choses, elle commence à croître et promet une fausse sécurité basée sur la richesse. Mais, en réalité, on tombe de plus en plus dans son piège et l’esprit devient de plus en plus préoccupé par l’accroissement des possessions.

Pour les personnes spirituelles, il est particulièrement dévastateur de ne pas surmonter ce vice. Mais pour ceux qui vivent dans le monde, les paroles de saint Paul sont également valables : « Si nous avons de quoi manger et nous habiller, sachons nous en contenter. Ceux qui veulent s’enrichir tombent dans le piège de la tentation, dans une foule de convoitises absurdes et dangereuses, qui plongent les gens dans la ruine et la perdition. Car la racine de tous les maux, c’est l’amour de l’argent. Pour s’y être attachés, certains se sont égarés loin de la foi et se sont infligé à eux-mêmes des tourments sans nombre » (1 Tm 6, 8-10).

Et l’avertissement du Seigneur lui-même est très clair : « Vous ne pouvez pas servir à la fois Dieu et l’Argent » (Mt 6,24).

Enfin, écoutons ce que notre maître Cassien nous dit à propos de la lutte contre la cupidité :

« Non seulement il faut faire attention à la possession de l’argent, mais le désir de le posséder doit être totalement banni du cœur (…). La cupidité doit être extirpée, car il ne sert à rien de ne pas avoir d’argent si l’on désire ardemment le posséder. »

  1. Combattre la colère

Commençons encore par citer Jean Cassien, qui nous a accompagnés tout au long de ce thème : « Il faut extirper à fond le poison mortel de la colère jusqu’au plus profond de notre âme (…), sinon nous ne serons plus capables d’un jugement clair, nous ne saurons plus être modérés, nous perdrons la sensibilité pour la contemplation, nous serons immatures pour donner des conseils, nous ne pourrons pas vivre et persévérer dans la justice, car nous ne pourrons pas accueillir la lumière spirituelle et véritable qui est en nous ».

L’Écriture Sainte est clairement contre la colère, à moins qu’il ne s’agisse de la « sainte colère » qui a enflammé Jésus lorsqu’il a chassé les marchands du Temple. Saint Paul nous exhorte : « Amertume, irritation, colère, éclats de voix ou insultes, tout cela doit être éliminé de votre vie, ainsi que toute espèce de méchanceté » (Ep 4,31).

Cela devrait être facile à comprendre pour nous, mais nous devons vraiment en être conscients. Nous ne pouvons pas surmonter notre colère et notre rage si nous la justifions encore, si nous la défendons, si nous la nourrissons de pensées et de sentiments erronés, si nous rendons les autres responsables de notre colère.

Pour lutter efficacement contre nos vices, une attitude spirituelle est nécessaire. Notre volonté doit être axée sur le progrès spirituel, c’est-à-dire sur la croissance dans l’amour.

Avec cette attitude spirituelle, on prend une certaine distance par rapport à soi-même et on apprend à se voir à travers les yeux de Dieu. D’une part, nous faisons l’expérience du réconfort et de la miséricorde dans nos faiblesses ; mais d’autre part, nous sommes aussi stimulés à faire notre part pour être transformés et modelés à l’image du Seigneur.

Quant à la lutte contre la colère injustifiée et incontrôlée, nous devons apporter toutes nos émotions à Dieu, en lui demandant de les toucher. Si nous le faisons avec persévérance, encore et encore, nous apprendrons à nous maîtriser de telle sorte qu’au moins la colère ne se manifeste pas extérieurement. Mais nous ne devons pas nous contenter de ce premier résultat ; la colère doit être étouffée dans l’œuf. Cela nécessite une décision ferme de notre part et la grâce de Dieu.

Demain, nous verrons d’autres vices contre lesquels nous devons lutter…