ITINÉRAIRE DE CARÊME | Jour 18 : « Prière régulière »

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« Mon Seigneur et mon Dieu, donne-moi tout ce qui me rapproche de Toi », s’exclame saint Nicolas de Flüe dans la deuxième partie de sa célèbre prière.

Dans la théologie mystique, cette partie du chemin spirituel serait appelée la « voie illuminative ». Cela signifie qu’après les processus intenses de purification – tant active (dont nous avons déjà parlé un peu) que passive – nous pouvons mieux connaître Dieu.  Dans la voie illuminative, l’Écriture Sainte commence à nous parler plus clairement, notre façon de prier change, nous obtenons plus de lumière pour notre chemin à la suite du Seigneur…. Bref, le chemin devient plus facile.

Il se peut que nous lisions parfois avec une certaine inquiétude les différentes choses que les saints ont vécues, et que nous nous sentions effrayés et incapables d’atteindre la sainteté. Il peut même arriver que nous nous découragions et que nous ne voulions plus poursuivre le chemin, parce que nous craignons qu’il nous arrive des situations semblables à celles qu’ont vécues les grands saints, et que nous ne puissions pas les supporter. Il arrive parfois que nous lisions un livre au mauvais moment, quand il n’est pas encore opportun d’entendre parler des souffrances les plus graves des saints et des tourments endurés par les martyrs, décrits dans les moindres détails.

Nous ne savons pas vraiment ce qui se passait, par exemple, à l’intérieur des martyrs : combien la grâce de Dieu les soutenait et comment l’Esprit Saint leur donnait en abondance l’esprit de force. Ne nous laissons donc pas intimider. Le Seigneur seul ne nous permet pas de porter une croix sans nous donner en même temps la grâce de la porter.

Pourquoi, au fur et à mesure que nous avançons, le chemin de la suite devient-il plus facile, alors que, de l’extérieur, il semble de plus en plus difficile ?

La réponse est la suivante : parce que, au fur et à mesure que nous avançons, nous grandissons dans l’amour, ce qui rend tout plus facile. En effet, le but du chemin spirituel est la pleine unification de l’amour avec Dieu.

Tous les processus de purification servent à écarter ce qui nous sépare de Dieu, c’est-à-dire ce qui diminue ou même bloque notre réponse d’amour à l’amour de Dieu. Il s’agit de l’attachement au monde, de l’amour désordonné de soi, de nos divers attachements, etc… Nous pouvons donc être reconnaissants pour chaque purification, aussi bien pour celles dans lesquelles nous coopérons activement avec la grâce de Dieu, que pour celles dans lesquelles Il permet que certaines circonstances nous rendent encore plus réceptifs à son amour et nous détournent de toutes sortes d’idoles.

En parlant de la recherche des vertus, des œuvres de miséricorde, de la fidélité à la juste doctrine, du jeûne, de la résistance à l’adversité, nous avons déjà abordé diverses choses qui nous rapprochent de Dieu, car elles sont toutes des efforts pour grandir dans l’amour, auxquels l’Esprit Saint lui-même nous pousse.

La prière occupe ici une place particulière, et je voudrais insister sur la prière régulière. Sans la prière, il n’y a pas de vie spirituelle. Si nous la négligeons, nous succomberons rapidement aux tentations. Si nous la négligeons complètement, la vie surnaturelle en nous s’éteindra.

Aujourd’hui, je veux souligner l’importance de la prière régulière pour notre cheminement. Cela signifie que nous devons fixer des heures de prière – y compris le Saint Rosaire – et nous y tenir. Il est probable que beaucoup d’entre vous le font déjà, mais je voudrais souligner pourquoi cette constance dans la prière est importante.

Il est bien connu que les moines, par exemple, ont un rythme fixe dans leur vie quotidienne et dans leur prière. Ce rythme, ainsi que la ponctualité, font partie de la formation ascétique et spirituelle d’une personne.

Le temps que l’on consacre à la prière appartient au Seigneur. C’est, pour ainsi dire, un rendez-vous avec Lui et Il veut que nous le respections. Dieu nous attend ! Ainsi, par la prière régulière, nous nous entraînons jour après jour à réaliser ce à quoi nous aspirons : que le Seigneur occupe la première place dans notre vie. Pour que cela ne reste pas un vœu pieux, nous devons le mettre en pratique de manière concrète, en établissant un ordre spirituel pour notre vie. Une fois établi, il doit être respecté – à moins que des situations objectives ne s’y opposent – afin d’acquérir une « stabilitas » (stabilité) dans notre vie spirituelle.

De plus, notre âme s’habitue à la prière, même si au début elle doit être éduquée à cause de sa dispersion et de sa tendance à être emportée par des humeurs diverses.

Ainsi, la prière devient quelque chose d’objectif qui marquera de plus en plus notre journée, même si notre situation de vie ne nous permet pas de nous engager dans de longs moments de prière chaque jour. Mais tout ce que nous pouvons et voulons faire, nous devons le faire régulièrement, si nous voulons grandir et favoriser la vie spirituelle. Supposons, par exemple, qu’une mère de famille ait un enfant malade et qu’elle ne puisse pas prévoir les moments où elle devra être prête à s’en occuper. Dans ce cas, elle pourrait peut-être proposer un temps de prière fixe chaque jour, à un moment où elle ne serait pas normalement interrompue.

Nous poursuivrons le thème de la prière…