ITINÉRAIRE DE CARÊME | Jour 5 : « Rejeter le diable »

Parmi les diverses adversités et attaques auxquelles nous sommes confrontés sur notre chemin, il convient que, sur ce saint itinéraire, nous prenions spécifiquement en considération les rôderies du diable. L’Évangile d’aujourd’hui les décrit dans les tentations de Jésus au désert (Mt 4, 1-11).

Il procède systématiquement à la séduction de l’homme. Il utilise l’intelligence qui lui a été donnée par Dieu pour tromper l’homme et le rendre dépendant de lui.

Il faut toujours garder à l’esprit que le diable est et restera toujours mauvais, et que par conséquent les buts qu’il poursuit sont mauvais. La condition de l’ange déchu est différente de celle de l’homme, qui a un penchant pour le mal et, par conséquent, peut agir mal ; mais, tant que dure sa vie terrestre, il a encore la possibilité de changer de cours. Le Diable, lui, ne veut et ne peut pas le faire, et reste enfermé dans son illusion de pouvoir se mettre à la place de Dieu.

Nous pouvons regretter profondément qu’un ange, à l’origine si exalté, se soit perverti en son contraire et veuille offenser Dieu et détruire les hommes. Cependant, toute forme de sympathie à son égard est inappropriée, tout comme il est inapproprié de le blasphémer. Dans l’épître de Jude, il est clairement dit : « Or l’archange Michel, discutant avec le démon dans la querelle au sujet du corps de Moïse, n’osa pas porter contre lui un jugement qui l’outrage ; il lui dit seulement : Que le Seigneur te blâme ! » (Jd 1, 9). C’est ainsi que nous devons nous aussi affronter l’ange déchu, sans jamais blasphémer les puissances préternaturelles, comme l’apôtre Jude signale que certains faux docteurs l’ont fait (v. 8.10).

Dans les tentations du désert, le Seigneur nous montre comment repousser les attaques du diable. Tout d’abord, il est important de comprendre que Jésus lui-même a repoussé ces attaques pour nous et que, par conséquent, le pouvoir du diable a déjà été brisé. Ainsi, si nous agissons en tant que personnes de foi, nous sommes confrontés à une puissance qui a déjà été vaincue. Il s’agit toujours de la rejeter au nom de Jésus et de nous placer sous la protection de notre Père céleste. Même l’invocation du nom de Marie est insupportable pour l’ange déchu.

Notons donc que Jésus a déjà rejeté pour nous les tentations du Malin, et que nous sommes donc capables de faire de même en son nom.

Voyons maintenant le caractère de ces tentations :

Dans le premier cas, le Tentateur voulait dissuader Jésus de jeûner et le persuader de transformer les pierres en pains par un signe apparemment pieux. Il y avait sans doute bien d’autres mauvaises intentions en arrière-plan, mais ce qui est important pour nous, c’est qu’il s’agissait d’une tentative de le faire céder aux penchants de la nature humaine. Jésus avait faim ! Pourtant, sa réponse était claire : « L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu » (Mt 4,4). Plus importante encore que la dimension terrestre de notre vie est la dimension spirituelle. C’est à partir d’elle que nous devons réguler nos besoins et nos penchants naturels.

La deuxième tentation consiste à le séduire pour qu’il accomplisse un miracle pour le spectacle, un miracle qui n’a pas de signification intérieure. Les vrais miracles, en manifestant la bonté et la toute-puissance de Dieu, servent les hommes et les amènent à louer et à remercier le Seigneur.

La réponse de Jésus est révélatrice : « Tu ne mettras pas à l’épreuve le Seigneur ton Dieu » (v. 7). Cela signifie que nous ne devons pas profiter de Dieu pour nos propres intérêts ou ceux des autres, et encore moins avec des signes et des miracles.

Dans la troisième tentation, enfin, les mauvaises intentions et le but de l’ange déchu deviennent clairs : il veut être adoré, se mettre à la place de Dieu… À cette fin, il offre les royaumes sur lesquels il domine.

Malheureusement, cette dernière tentation atteint souvent les « puissants de ce monde », même s’ils n’accomplissent aucun acte visible d’adoration envers le diable. Seuls peuvent être sauvés de cette tentation ceux qui adhèrent à la réponse de Jésus : « C’est le Seigneur ton Dieu que tu adoreras, à lui seul tu rendras un culte » (v. 10).

Dans le combat contre le diable, gardons toujours à l’esprit qu’il a déjà été vaincu par Jésus et que ses tentations ont été rejetées. C’est pourquoi nous ne devons pas avoir peur, mais rester vigilants.

Les tentations peuvent même venir à nous déguisées sous un masque pieux, en nous flattant, en nous faisant de fausses promesses, etc.

Nous devons les rejeter simplement et avec force, sans injures ni blasphèmes, de peur d’adopter le comportement du diable lui-même. La victoire est certaine ! Si nous combattons de la bonne manière, nous glorifions Dieu, nous sommes fortifiés dans notre voie, nous servons l’Église dans sa mission et, en même temps, nous coopérons à l’affaiblissement du pouvoir du diable.

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