Mc 3,31-35
Alors arrivent sa mère et ses frères. Restant au-dehors, ils le font appeler.
Une foule était assise autour de lui ; et on lui dit : « Voici que ta mère et tes frères sont là dehors : ils te cherchent. » Mais il leur répond : « Qui est ma mère ? qui sont mes frères ? » Et parcourant du regard ceux qui étaient assis en cercle autour de lui, il dit : « Voici ma mère et mes frères. Celui qui fait la volonté de Dieu, celui-là est pour moi un frère, une sœur, une mère. »
Ce passage de l’Évangile n’est en rien un rejet par le Seigneur de sa mère et de ses frères et sœurs, comme on pourrait le croire à première vue. Au contraire, le Seigneur élargit notre regard en le dirigeant vers l’humanité entière, appelée à constituer une seule famille céleste et universelle.
Cependant, la parenté avec Jésus a une condition essentielle : l’accomplissement de la volonté du Père. Dans ces paroles du Seigneur, nous pouvons entrevoir quelque chose comme une « nouvelle création ». Alors que la création originelle de l’homme est née de la bonté du Père qui a voulu créer des êtres à son image et les faire vivre au Paradis dans un état d’innocence, la nouvelle création a un caractère différent.
Dans cette nouvelle création, Dieu vient à nous comme Rédempteur d’une humanité souvent éloignée de Lui, d’une humanité de moins en moins intéressée à accomplir la volonté du Père, d’une humanité qui vit souvent « dans les ténèbres et à l’ombre de la mort » (cf. Lc 1,79).
Mais Dieu invite cette humanité à une grande intimité avec Lui. Cela se voit déjà dans le fait que Dieu lui-même, dans son Fils Jésus, assume notre nature humaine. Jésus devient semblable à nous en toutes choses, sauf en ce qui concerne le péché (cf. He 4,15).
Et maintenant que Dieu s’offre comme Père à l’humanité déchue et l’attire à lui, la condition indispensable reste en place pour que cette parenté avec Dieu soit vraiment réalisée : l’accomplissement de sa volonté. Si nous nous efforçons sincèrement de le faire, l’unification avec Dieu et aussi l’unité entre nous en tant qu’êtres humains peuvent se réaliser.
C’est en effet le cas : entre des personnes qui essaient de vivre selon la volonté de Dieu, il se crée un naturel et une compréhension mutuelle qui vont bien au-delà de la parenté naturelle. Et cela vaut pour tous les hommes, quelles que soient leur race et leur nation, car il s’agit d’une relation surnaturelle, qui ne vient pas « de la chair et du sang », mais qui naît dans l’Esprit de Dieu (cf. Jn 1, 12-13).
C’est ce que Jésus veut dire lorsqu’il désigne ses disciples, qui sont devenus pour lui des mères, des frères et des sœurs. Cette relation surnaturelle peut même naître au sein de la famille naturelle, lorsque la même condition d’être unis dans l’accomplissement de la volonté de Dieu est remplie.
C’est une offre immensément généreuse de la part de Dieu de nous appeler à vivre dans cette relation intime avec Lui, et pour que nous puissions la réaliser, Il nous envoie Son Esprit.
Il est maintenant urgent de porter cette invitation de Dieu à tous les peuples. Telle est la mission de l’Église, dans laquelle se réalise déjà le signe concret de l’unité entre les hommes. Cela vaut surtout lorsqu’elle préserve son unité intérieure : unité dans la doctrine et dans la pratique juste qui en découle.
Telle est la mission que Jésus nous a confiée : “Allez ! De toutes les nations faites des disciples : baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, apprenez-leur à observer tout ce que je vous ai commandé. Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde” (Mt 28, 19-20).
Toutes les tentatives humaines pour atteindre l’unité et la fraternité seront vaines si elles ne sont pas obtenues comme un don du Père. Nous pouvons le constater à maintes reprises dans l’histoire. Seul l’Esprit du Seigneur nous permet de vivre en pleine communion avec Jésus, en accomplissant la volonté de Dieu. C’est pourquoi il est si important que nous, chrétiens, vivions avec notre attention fixée sur Dieu, que nous écoutions la voix de l’Esprit et que nous lui obéissions. C’est Lui qui apportera l’unité parmi les hommes, lorsqu’ils reconnaîtront le Seigneur et se tourneront vers Lui.
Cela ne veut pas dire que nous ne pouvons pas pratiquer, même avant, certains éléments d’unité entre les hommes, mais ceux-ci sont très fragiles et ne vont pas jusqu’au bout ! En outre, ils sont susceptibles de tomber dans une « pseudo-unité », telle que celle issue des idéologies, qui peut tromper les gens dans leur désir d’unité.
L’humanité doit reconnaître l’amour de son Père céleste et apprendre à vivre dans la vérité. Cette vérité existe et a un visage concret ! De plus, c’est une Personne : « Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie » (Jn 14,6). Ce n’est que dans la vérité que nous pouvons trouver la vraie communion, car Dieu est la vérité. Celui qui le cherche sincèrement le trouvera, et celui qui ne se ferme pas sera trouvé par lui.