La vertu de la prudence

« Car c’est le Seigneur qui donne la sagesse ; connaissance et
raison sortent de sa bouche. » (Prov 2:6)

La vertu de prudence est souvent considérée comme le « gouvernail » des autres vertus, car elle nous aide à appliquer la vertu appropriée dans les circonstances données, de manière sage et sensée. Grâce à elle, nous apprenons à discerner les choses correctement, et elle nous apprend à faire la bonne réponse.

Si nous gardons à l’esprit les autres vertus cardinales sur lesquelles nous avons médité ces derniers jours, ainsi que l’ascèse des pensées qui fait partie de la tempérance, nous verrons maintenant que c’est la prudence qui nous aide à tout appliquer avec sagesse. La vertu de force, par exemple, doit être mise en pratique pour les choses qui sont justes et valables. Si le courage était utilisé pour des choses mesquines, pour attirer l’attention ou, pire, à des fins malveillantes, il perdrait son sens.

Ainsi, dans la sélection des pensées qui sont dignes de notre attention, la prudence sera notre guide.

La prudence a une parenté intérieure avec la sagesse. Alors que la sagesse, étant le suprême des sept dons de l’Esprit, est une « savoureuse connaissance de Dieu », avec laquelle on peut spirituellement goûter l’amour divin, la prudence est l’organe exécutif, c’est-à-dire celui qui pousse à la réalisation de ce que la sagesse conseille et applique concrètement l’amour du Seigneur.

Cela vaut aussi pour les réalités terrestres, qui ont été créées bonnes… Comme la prudence tend vers le bien, elle voudra aussi le mettre en pratique. Bien sûr, on voit ici les dégâts causés par le péché originel, qui a obscurci notre entendement, de sorte que souvent il n’identifie pas suffisamment le bien, se laisse tromper ou confond le mal avec le bien. C’est pourquoi il est important de garder à l’esprit quelques points afin de pratiquer la vertu de prudence :

– La mémoire doit se souvenir de la vérité objective des choses de ce monde, afin de ne pas les falsifier selon sa propre volonté ou non ; c’est-à-dire, afin de ne pas se laisser gouverner par ses propres intérêts.

– Toute personne prudente doit faire preuve de docilité, c’est-à-dire qu’elle doit se laisser corriger, car elle veut vraiment parvenir à la connaissance de la vérité. Cela implique une bonne dose d’humilité. Car le manque de docilité et la croyance que l’on sait tout mieux que les autres sont des formes de rejet de la vérité et de la réalité.

– Dans sa capacité d’agir (ce qu’on appelle la « solertie »), la personne décide promptement de mettre en pratique tout ce qu’elle a reconnu comme juste et justifié, s’opposant ainsi à l’injustice, à la lâcheté et à la démesure, les vices opposés aux vertus cardinales.

– La prudence se manifeste également sous la forme de la prévoyance (providence), dans la mesure où la personne se demande si le chemin emprunté mènera au but attendu.

Quant à la mémoire, mentionnée dans le premier point : il s’agit de comprendre les choses ou les circonstances dans leur objectivité, et non selon qu’elles me plaisent ou non, afin de ne pas fonder sa position sur de tels sentiments. Supposons, par exemple, que nous entendions des rumeurs sur une certaine personne, mais qu’en réalité nous ne sachions pas si les choses se sont passées comme on le dit… Nous réagissons souvent à ces rumeurs, et notre positionnement est donc influencé au préalable sur le plan sentimental, de sorte que nous ne pouvons plus traiter librement avec la personne en question. Sur un plan objectif, cependant, nous ne savons rien du tout. Si nous nous laissons guider par la prudence, nous ne prêterons pas beaucoup d’attention à ces rumeurs, mais chercherons l’objectif : que s’est-il réellement passé, est-il même important de le savoir ?

Quant à la docilité, évoquée au deuxième point : elle s’applique d’abord à l’apprentissage auprès de Dieu lui-même, puis à l’expérience, y compris les erreurs, car il s’agit de faire les choses correctement. En outre, nous pouvons également bénéficier des conseils de personnes, surtout lorsqu’il s’agit de conseillers expérimentés, vers lesquels nous pouvons nous tourner, surtout s’il s’agit d’une question importante. Il arrive parfois qu’un conseil nous parvienne au moment où nous nous y attendons le moins, de la part d’une personne que nous n’avions même pas sollicitée ; ou bien nous lisons dans un livre ce qui nous indique précisément la conduite à tenir dans une situation donnée. Dans ce cas, il est important d’être prêt à écouter, tout en appliquant le don de discernement, afin de pouvoir distinguer les bons conseils des mauvais conseils.

Concernant la « solertie », mentionnée au troisième point : une fois que nous avons tout pesé et que nous sommes arrivés à la bonne conclusion, il est important de la mettre en pratique. Si, dans la phase de discernement, nous ne devons pas être trop hâtifs ou imprudents, lorsqu’il s’agit de mettre en pratique ce que nous avons reconnu, nous ne devons pas hésiter. La prudence agit également lorsque la situation est imprévisible et exige que nous agissions rapidement, car elle a envisagé objectivement la situation dans sa réalité et n’a pas été guidée par l’intérêt personnel.

Enfin, pour ce qui est de la providence, évoquée au point quatre : tenez compte de la fin des choses avant d’agir ! Ce critère nous aide à ne pas agir sur la base de sentiments et à court terme, mais à réfléchir jusqu’au bout.

Demain, nous aborderons d’autres aspects de cette merveilleuse vertu de prudence, qui devrait être notre compagne et notre guide, afin que notre marche avec le Seigneur devienne de plus en plus sage et, en même temps, préserve le dynamisme dans l’Esprit Saint.

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