Pour progresser dans la vie spirituelle, il est essentiel d’obéir au Saint-Esprit. Il est notre guide intérieur et notre professeur. Lorsque nous nous familiarisons avec Lui et apprenons à écouter et à suivre Sa voix de mieux en mieux, notre chemin spirituel peut devenir plus léger et plus agile.
Après que le Saint-Esprit nous ait conduits à la première conversion (je veux dire ce moment crucial où l’on prend la décision claire de suivre Jésus et de ne rien mettre avant Lui, par opposition à une attitude indécise et indifférente envers Dieu), il continuera à travailler en nous.
Tout comme la décision que nous prenons lors de notre première conversion est la réponse authentique à l’amour de Dieu, il en va de même pour toutes les étapes ultérieures sur le chemin de la sanctification.
L’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs (Rm 5,5) et veut y exercer sa douce domination. Dans notre première conversion, nous avons donné le « oui » fondamental à cette œuvre de Dieu en nous, et maintenant l’Esprit Saint veut la poursuivre. En ce sens, l’efficacité de son travail dépendra de notre coopération, dans la mesure où nous devons faire les pas nécessaires sur ce chemin. L’Esprit Saint n’exerce pas de contrainte ou de pression sur nous, car celles-ci sont étrangères à l’essence de l’amour. Au contraire, il nous attire, il nous courtise, il nous rappelle et nous avertit ; parfois aussi, il intervient en nous empêchant de prendre le mauvais chemin, mais il ne nous force jamais, car cela limiterait notre liberté.
Nous voyons donc ici un premier critère pour identifier l’action de l’Esprit de Dieu. J’insiste sur le fait que cela ne signifie pas qu’Il ne pourrait ou ne devrait pas nous réprimander avec force, car nous avons en fait déjà donné notre « oui » à Dieu et nous ne voulons pas nous arrêter, et encore moins faire demi-tour sur le chemin de l’unification avec Lui.
Considérons l’Esprit Saint comme notre ami divin et notre maître, qui ne veut rien d’autre qu’éveiller de plus en plus l’amour en nous et faire de nous ce que nous sommes par vocation : les enfants bien-aimés de Dieu, qui accomplissent volontiers sa volonté et veulent adhérer pleinement à la sienne.
A ce stade, nous avons évoqué le but de notre cheminement spirituel, qui est précisément l’unification de notre volonté avec la volonté de Dieu. Toute voie spirituelle authentique aura ce même objectif : l’union des volontés avec Dieu. La prière que nous prononçons chaque jour dans le Notre Père – « Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel » – s’applique également à notre propre vie. Nous voulons que la volonté de Dieu soit faite de la même manière qu’au ciel, afin qu’elle soit aussi faite en nous.
Sur ce chemin, nous avons un guide et un enseignant, qui est en même temps notre ami divin, et nous savons aussi clairement quel est le but à atteindre. Bien d’autres compagnons seront à nos côtés, notamment la Vierge Marie et les anges et saints qui nous attendent dans l’au-delà. Mais nous espérons que nous pouvons également compter sur les conseils avisés de personnes spirituelles ici sur terre.
Si nous restons dans le cadre de la doctrine et de la morale authentiques de l’Église, sans nous laisser influencer par les erreurs du modernisme, nous avancerons sur un « terrain sûr ». Les saints sacrements feront le reste pour nous aider encore et encore dans notre faiblesse, nous nourrissant de la manne céleste dans notre pèlerinage à travers le « désert terrestre ». Prenons donc courage et confions-nous entièrement à la direction de Dieu, comme l’a fait Marie. C’est ainsi que nous atteindrons notre but, soutenus par la grâce de Dieu.
Les vertus
Nous connaissons les vertus dites « théologales » et les vertus humaines ou morales, qui s’acquièrent par des efforts humains. Alors que dans les vertus théologales Dieu met toute sa puissance sans notre coopération, les vertus morales ont été instillées en nous au jour du baptême comme une semence, mais ont laissé à l’homme le travail de les développer par l’habitude et la volonté, toujours mu par la grâce de Dieu. Parmi ces vertus morales, quatre se distinguent de manière particulière et sont donc appelées « vertus cardinales » : la prudence, la tempérance, la force et la justice.
Bien que la prudence ait la primauté parmi les quatre, je voudrais aujourd’hui – dans le contexte de la manière de suivre le Seigneur – me concentrer sur la vertu cardinale de force. Il ne faut pas le confondre avec le don de force, bien qu’ils portent le même nom.
Cette vertu, qui se déploie grâce aux efforts de notre volonté, jouera un rôle fondamental dans le cheminement spirituel. Il nous apprendra à ne pas abandonner face à la moindre résistance que nous rencontrons en suivant le Christ et à supporter l’adversité. Il arrive facilement que nous soyons envahis par la peur ou que d’autres la provoquent en nous, nous donnant l’impression que le chemin sur lequel nous venons de nous engager est trop escarpé, trop difficile. Nous sommes également confrontés à nos propres faiblesses et pouvons être intimidés par elles.
A cela s’ajoute le fait que notre environnement est souvent étranger ou même hostile à la foi chrétienne. Nous pouvons rencontrer des personnes qui ridiculisent notre foi ou la présentent comme une exagération. Nous ne pouvons pas non plus exclure la possibilité d’être persécutés ou marginalisés à cause de notre foi.
Mais le plus dur, c’est probablement lorsque nous avons le sentiment d’avoir échoué, lorsque nous perdons courage et que la confiance s’estompe. Nous risquons alors de jeter l’éponge ou d’affaiblir les exigences de la voie spirituelle, en optant pour une voie qui implique moins de résistance.
Nous devons être conscients que les 3 ennemis de notre âme – à savoir notre nature humaine déchue, le monde et surtout le diable – feront tout ce qu’ils peuvent pour nous dissuader de nous engager dans une voie de recherche plus intense. Le diable, quant à lui, craint de perdre son emprise sur l’âme, et craint également que l’âme ne devienne un apôtre pour gagner d’autres âmes au Royaume de Dieu, en les arrachant à ses griffes.
Notre nature déchue craint les efforts réels ou imaginaires que la voie de la poursuite pourrait nous coûter, et fuit l’ascétisme et toute retenue dans son désir de plaisir.
Enfin, le monde dans sa vanité ne veut pas nous lâcher et se vante de quelque chose d’agréable.
Cependant, la vertu de force, soutenue par la grâce de Dieu, nous permet de rester fermement sur le chemin que nous avons pris, quoi qu’il arrive. Cela ne signifie pas que nous ne ressentons plus de peur. Même une personne qui est naturellement craintive peut devenir courageuse et forte, en surmontant sa peur et en faisant ce qu’il faut malgré elle.
La graine de force morale que Dieu a instillée en nous doit devenir une vertu solide à mesure que nous l’exerçons. De même que l’on devient humble par des actes concrets d’humilité, de même on devient fort et courageux par des actes de force.
Pour conclure cette méditation, écoutons une belle phrase de l’école carmélitaine, que sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus adressait à l’une de ses novices : « Peu importe que tu n’aies pas de courage, si seulement tu agis comme si tu en avais. «