Jn 1,35-42
Philippe était de Bethsaïde, le village d’André et de Pierre. Philippe trouve Nathanaël et lui dit : « Celui dont il est écrit dans la loi de Moïse et chez les Prophètes, nous l’avons trouvé : c’est Jésus fils de Joseph, de Nazareth. » Nathanaël répliqua : « De Nazareth peut-il sortir quelque chose de bon ? » Philippe répond : « Viens, et vois. » Lorsque Jésus voit Nathanaël venir à lui, il déclare à son sujet : « Voici vraiment un Israélite : il n’y a pas de ruse en lui. »Nathanaël lui demande : « D’où me connais-tu ? » Jésus lui répond : « Avant que Philippe t’appelle, quand tu étais sous le figuier, je t’ai vu. Nathanaël lui dit : « Rabbi, c’est toi le Fils de Dieu ! C’est toi le roi d’Israël ! » Jésus reprend : « Je te dis que je t’ai vu sous le figuier, et c’est pour cela que tu crois ! Tu verras des choses plus grandes encore. » Et il ajoute : « Amen, amen, je vous le dis : vous verrez le ciel ouvert, et les anges de Dieu monter et descendre au-dessus du Fils de l’homme. »
« De Nazareth peut-il sortir quelque chose de bon ? » – Telle est la question sceptique de Nathanaël lorsque Philippe, que le Seigneur avait déjà appelé à le suivre, lui parle de Jésus, le fils de Joseph. Manifestement, Nazareth n’avait pas une bonne réputation pour Nathanaël. Cependant, ce qui est sorti de Nazareth n’était pas seulement quelque chose de bon, mais le Fils du Bien, le Fils de Dieu, comme Nathanaël le confessera plus tard.
Dans le passage d’aujourd’hui, nous entendons à nouveau la déclaration : “Viens et vois”. Dans ce cas, c’est Philippe qui le dit à Nathanaël, qui a vu et qui a cru : « Rabbi, c’est toi le Fils de Dieu ! C’est toi le roi d’Israël ! ».
« Venez et voyez »… Voilà un mot-clé pour rencontrer Jésus. Celui qui part à la recherche de Dieu, qui suit cet élan intérieur et cherche le sens profond de l’existence, rencontrera tôt ou tard Jésus. Il est à espérer qu’au cours de sa recherche, il rencontrera également un Philippe, quelqu’un qui a déjà reconnu le Seigneur, qui témoigne de Lui et qui le conduit à Lui. Peut-être que le chercheur est sceptique, comme Nathanaël, et a du mal à croire qu’il puisse rencontrer Jésus aujourd’hui par l’intermédiaire de l’Église. La réponse devrait être « Venez et voyez », et il devrait rencontrer des personnes en qui le Seigneur est présent et à travers lesquelles il agit. S’il s’agit d’un « vrai Israélite, qui n’est pas dupe » – comme Nathanaël -, Jésus lui-même le convaincra. Il lui donnera peut-être des réponses aux questions qu’il porte en lui depuis longtemps et lui fera comprendre qu’il le cherche et le quête depuis longtemps. Si son cœur n’est pas fermé, Jésus pourra y entrer et sa lumière témoignera de ce qu’il est : « Dans ta lumière, nous voyons la lumière » (Ps 36,9).
Nous pouvons nous demander de manière critique si nous permettons réellement au Seigneur d’être présent dans notre vie et dans la vie de l’Église, de manière à ce qu’il soit facile pour le chercheur de le trouver, ou si nous devenons même des obstacles par manque de foi et par négligence dans la mise en pratique.
Je me souviens avec douleur qu’il y avait des juifs qui, par la grâce de Dieu, avaient reconnu Jésus comme le Fils de Dieu et le Roi d’Israël, mais qui ont ensuite été empêchés d’entrer dans l’Église catholique. Ils étaient confrontés à des prêtres qui avaient cette conception que les juifs ont leur propre chemin avec Dieu, comme si le Père céleste n’avait pas envoyé son Fils d’abord « aux brebis perdues de la maison d’Israël » (Mt 15,24) pour les racheter.
Mais regardons plutôt les disciples qui viennent d’être appelés par Jésus : André, Simon-Pierre, Philippe et Nathanaël, ce « vrai Israélite qui n’a pas de ruse ». Jésus ne pouvait pas faire un plus grand éloge de Nathanaël ! C’est certainement ainsi que notre Père céleste a voulu rencontrer les enfants de son peuple élu. Il a donné à ses disciples le pouvoir de devenir enfants de Dieu (Jn 1,12), parce qu’ils ont répondu de tout cœur à l’appel de Dieu. Ils sont des exemples lumineux pour tous les temps et des représentants du reste fidèle d’Israël, de la Jérusalem sainte. En eux s’est accompli le dessein de Dieu. Ce sont eux qui, par la suite, sont allés annoncer à tous les peuples que le Sauveur et Rédempteur de l’humanité était ven u réconcilier les Juifs et les Païens avec Dieu en un seul corps par la Croix (Ep 2,16).
Nous avons entendu son témoignage et, par la grâce de Dieu, nous sommes parvenus à la même conviction que celle que Nathanaël exprime si clairement dans le passage d’aujourd’hui : « Tu es le Fils de Dieu, tu es le Roi d’Israël ».
Nous aussi, qui avons reçu la même lumière que les premiers disciples, les cieux nous ont été ouverts, de sorte que nous pouvons voir l’Église céleste unie à l’Église militante, et les anges, au service de leur Roi, monter et descendre pour glorifier avec ferveur notre Père céleste. Ils nous aident sur le chemin de l’éternité et nous assistent dans l’accomplissement de la mission que Dieu nous a confiée.
Mais les premiers disciples et apôtres ne sont pas seulement des modèles ; ce sont aussi des frères et des amis vers lesquels nous pouvons nous tourner avec confiance, en demandant que le feu de l’Esprit Saint qui a brûlé si fort en eux ne s’éteigne jamais en nous, afin que Jésus puisse dire de nous aussi : « Celui-ci est un vrai disciple, il n’y a pas de ruse en lui ».
Nous pourrons alors devenir ses témoins, comme l’ont été les disciples en répétant ce que Philippe a dit à Nathanaël : « Viens et vois ».