« Qui aime sa vie la perd ; qui s’en détache en ce monde la gardera pour la vie éternelle. Si quelqu’un veut me servir, qu’il me suive ; et là où moi je suis, là aussi sera mon serviteur. Si quelqu’un me sert, mon Père l’honorera. Maintenant mon âme est bouleversée. Que vais-je dire ? “Père, sauve-moi de cette heure” ? – Mais non ! C’est pour cela que je suis parvenu à cette heure-ci ! Père, glorifie ton nom ! » Alors, du ciel vint une voix qui disait : « Je l’ai glorifié et je le glorifierai encore. » En l’entendant, la foule qui se tenait là disait que c’était un coup de tonnerre. D’autres disaient : « C’est un ange qui lui a parlé. » Mais Jésus leur répondit : « Ce n’est pas pour moi qu’il y a eu cette voix, mais pour vous. Maintenant a lieu le jugement de ce monde ; maintenant le prince de ce monde va être jeté dehors ; et moi, quand j’aurai été élevé de terre, j’attirerai à moi tous les hommes. » Il signifiait par là de quel genre de mort il allait mourir.
Par ces paroles prononcées à l’approche de sa mort, Jésus offre un enseignement précieux à tous ceux qui souhaitent le suivre sérieusement. Le Seigneur rappelle avec insistance que la vie humaine ne se limite pas à la dimension terrestre. C’est pourquoi l’homme ne doit pas concentrer ses aspirations sur cette vie éphémère, ni rester dans la jouissance de celle-ci. Ce faisant, il se ferme à la dimension transcendantale de son existence et devient de plus en plus insensible et de moins en moins réceptif à la réalité spirituelle, à la vie en Dieu. En effet, cela n’a de sens que pour ceux qui recherchent « les choses d’en haut et non celles de la terre » (Col 3,2), c’est-à-dire pour ceux qui recherchent Dieu et le but qu’il a fixé à leur vie. S’ils essaient de vivre selon la volonté de Dieu, les portes du Royaume des Cieux leur sont ouvertes.
À nous est adressée l’invitation à servir le Fils de Dieu, et ainsi, par la grâce de Dieu, la vie divine se déploie en nous et nous trouvons notre foyer là où le Seigneur lui-même l’a placé : dans une union indéfectible avec Jésus et notre Père céleste. Cela commence déjà à se concrétiser dans notre vie terrestre et atteindra sa plénitude dans l’éternité, où nous serons pour toujours avec Dieu et le verrons face à face. Si nous suivons le Fils de Dieu, le Père nous honorera, car telle est sa sainte volonté pour tous les hommes.
L’âme de Jésus est troublée. Il sait que sa passion et sa mort sur le Calvaire l’attendent. Au milieu de ce choc, il prononce des paroles de salut qui nous permettent de pénétrer dans son cœur plein d’amour : « Que vais-je dire ? “Père, sauve-moi de cette heure” ? – Mais non ! C’est pour cela que je suis parvenu à cette heure-ci !»
Jésus ne fuit pas quand la mort s’approche de lui, avec toute la douleur physique et spirituelle que cela implique, quand la trahison d’un de ses disciples pourrait déchirer son cœur, quand le Roi du ciel et de la terre est raillé et méprisé par ceux pour qui il est venu dans le monde afin de leur ouvrir les portes du ciel. Pourrait-il maintenant demander au Père de le délivrer de cette heure de douleur et de cesser d’accomplir sa mission ?
Non, l’amour de Jésus est trop grand pour qu’il renonce : il aime le Père, dont il veut accomplir la volonté sans réserve, et il aime les hommes qui, sans lui, ne trouveraient pas le chemin du salut qu’il leur a obtenu par sa fidélité et son sacrifice.
Jésus veut glorifier le Père et c’est pourquoi il s’exclame à haute voix : « Père, glorifie ton nom ! ». Et du ciel vient la réponse du Père : « Je l’ai glorifié et je le glorifierai encore. ». Les personnes présentes étaient perplexes devant ce qu’elles venaient d’entendre. Ils ne comprenaient pas les paroles, mais ils percevaient le dialogue entre Jésus et son Père.
Le Seigneur parle maintenant très clairement de ce qui se passera lorsque son heure sera venue : « Maintenant a lieu le jugement de ce monde ; maintenant le prince de ce monde va être jeté dehors »
Jésus est venu détruire les œuvres du diable (1 Jn 3,8). Le diable a un pouvoir sur les personnes qui vivent dans le péché, et c’est cette domination que Jésus a brisée en mourant sur la croix. En expiant le péché par sa mort volontaire et en annulant l’accusation portée contre nous en la clouant à la croix (Col 2,14), chaque personne peut obtenir le pardon de ses péchés en vertu de ce sacrifice. Ainsi, « l’accusateur de nos frères, lui qui les accusait, jour et nuit, devant notre Dieu » (Ap 12,10) a été précipité et son pouvoir sur les hommes a été brisé, pour autant qu’ils embrassent la foi dans le Fils de Dieu.
Une fois que le Seigneur a donné sa vie sur la croix, son amour rédempteur attire les hommes à lui. C’est l’amour qui transforme tout, qui chasse les ténèbres et fait briller la lumière divine dans le cœur des hommes.
Jésus a prédit ce qui allait arriver et ses disciples devaient l’écouter pour se souvenir plus tard de tout ce qu’il avait dit et de ce qui s’était accompli sous leurs yeux. Pour nous aussi, tant de siècles plus tard, c’est une preuve de l’authenticité du témoignage de Jésus, car tous les hommes doivent être conduits à lui jusqu’à la fin des temps. Le Seigneur veut attirer tout le monde à lui, et cette invitation est encore valable aujourd’hui !