En entendant ces paroles, Pilate amena Jésus au-dehors ; il le fit asseoir sur une estrade au lieu dit le Dallage – en hébreu : Gabbatha. C’était le jour de la Préparation de la Pâque, vers la sixième heure, environ midi. Pilate dit aux Juifs : « Voici votre roi. » Alors ils crièrent : « À mort ! À mort ! Crucifie-le ! » Pilate leur dit : « Vais-je crucifier votre roi ? » Les grands prêtres répondirent : « Nous n’avons pas d’autre roi que l’empereur. » Alors, il leur livra Jésus pour qu’il soit crucifié. Ils se saisirent de Jésus.
C’est l’heure de l’ultime trahison du Seigneur, venu pour racheter l’humanité. C’est une trahison de Dieu et de l’homme, car comment la créature, aimée de Dieu, peut-elle tuer son Créateur ?
Pilate, le procurateur romain, avait essayé à plusieurs reprises de se soustraire à cette trahison du Seigneur. Il avait même entendu Jésus s’appeler « roi » et l’avait présenté comme tel à ceux qui voulaient sa mort : « Voici votre roi ». Mais ce fut en vain. Poussés par une haine aveugle, ils exigèrent sa crucifixion. On aurait dit qu’ils avaient perdu la raison et qu’ils étaient possédés par la haine.
Pilate leur demande à nouveau : « Vais-je crucifier votre roi ? » et les chefs des prêtres donnent la réponse qui les démasque : « Nous n’avons pas d’autre roi que l’empereur. »
Ils ne voulaient pas d’un roi divin ! Ils préféraient l’empereur de l’occupation étrangère. On pourrait dire qu’ils ont d’abord préféré un voleur et un assassin, puis un empereur païen et, même s’ils n’en étaient pas conscients, ils ont finalement préféré le diable au Fils de Dieu.
Ce passage rappelle une réflexion qui a été faite sur la chute des anges : Dieu aurait révélé aux anges son projet que la deuxième personne de la Trinité se fasse homme pour être le Seigneur des hommes et des anges. Ce plan aurait tellement enragé Lucifer qu’il s’est depuis retourné contre Dieu.
Si tel était bien le cas, nous pourrions reconnaître dans le passage d’aujourd’hui la haine de Lucifer pour le Fils de Dieu, utilisant le grand prêtre et les autres ennemis du Seigneur pour mener à bien son plan d’iniquité.
Et qu’est-il arrivé à Pilate ? Après les cris de haine des Juifs aveuglés et son appel à César, il s’est rendu. Même si, selon l’Évangile de Matthieu, Pilate s’est lavé les mains devant le peuple et s’est exclamé : « Je suis innocent du sang de cet homme » (Mt 27,24), il a été complice de la mort du Seigneur. Il n’aurait jamais dû permettre la crucifixion de Jésus. Aujourd’hui encore, la profession de foi de l’Église associe son nom à la crucifixion de Jésus.
Après ces brèves réflexions sur le passage d’aujourd’hui, je m’arrêterai pour l’instant dans la méditation systématique de l’Évangile selon Jean que nous avons entreprise au cours des derniers mois. Il ne nous manque que quelques versets du récit de la crucifixion et de la résurrection du Seigneur, et je réserverai ces chapitres pour le moment où ils coïncideront avec les temps liturgiques.
J’espère que les méditations sur l’Évangile de Jean ont été utiles à un grand nombre d’auditeurs. Pour nous tous, elles ont été très fructueuses et nous ont rapprochés du Seigneur.
Jusqu’à la Semaine Sainte, j’utiliserai les méditations quotidiennes pour donner quelques indications sur la manière dont nous pouvons tirer le meilleur parti de ce temps de Carême.