NOTE : Comme j’ai déjà médité, ces dernières années, la plupart des textes bibliques du calendrier liturgique, il m’arrive de recourir aux lectures du calendrier traditionnel, lorsqu’il s’agit de passages très importants pour moi. L’Évangile que j’ai choisi aujourd’hui, tiré de la Messe votive pour la propagation de la foi, est l’un d’entre eux, car il traite d’un thème très actuel, comme je le soulignerai vers la fin de cette méditation.
Mt 9,35-37
Jésus parcourait toutes les villes et tous les villages, enseignant dans leurs synagogues, proclamant l’Évangile du Royaume et guérissant toute maladie et toute infirmité. Voyant les foules, Jésus fut saisi de compassion envers elles parce qu’elles étaient désemparées et abattues comme des brebis sans berger. Il dit alors à ses disciples : « La moisson est abondante, mais les ouvriers sont peu nombreux.‘
Il n’y a rien de plus important pour les gens que de recevoir l’annonce de l’Évangile, d’y adhérer et de le vivre. C’est dans ce but que le Père céleste a envoyé son Fils unique dans le monde pour accomplir l’œuvre du salut et racheter l’humanité sur la Croix. Par la suite, le Seigneur a confié à ses apôtres la poursuite de cette mission. Avec une grande fidélité, au prix de fatigues et de sacrifices indicibles, les missionnaires ont mis leur vie au service de l’évangélisation, allant jusqu’aux extrémités de la terre au nom du Seigneur pour annoncer et faire connaître aux hommes qu’ils ont un Sauveur, venu dans le monde pour eux. Par la grâce de Dieu, de nombreuses personnes ont embrassé la foi et se sont converties grâce à la prédication des missionnaires.
Cette mission de l’Église n’est pas encore terminée. Jusqu’à la fin des temps, il est nécessaire d’annoncer l’Évangile et d’enseigner aux gens à observer tout ce que le Seigneur nous a ordonné, selon ce que le Seigneur ressuscité a ordonné à ses disciples (Mt 28, 19-20).
Tous les catholiques fidèles seront d’accord avec moi : les gens ont besoin de l’annonce de l’Évangile, ils ont besoin de bergers qui les conduisent vers les bons pâturages et les protègent des loups : “Voyant les foules, Jésus fut saisi de compassion envers elles parce qu’elles étaient désemparées et abattues comme des brebis sans berger. »
Sommes-nous encore convaincus que seul Jésus peut apporter le salut et que tout être humain doit en être informé ?
Il existe certainement encore des membres du clergé et des fidèles animés d’un zèle apostolique, qui ont toujours ce désir dans leur cœur et se laissent pousser par l’Esprit de Dieu pour apporter l’Évangile de toutes les manières possibles. Nous pouvons être reconnaissants pour chaque catholique qui prie pour la propagation de la foi et qui témoigne, ainsi que pour chaque prêtre et évêque qui est conscient de cette mission du Seigneur et qui fait tout son possible pour l’accomplir.
Malheureusement, il existe aussi d’autres tendances, qui atteignent les plus hauts échelons de la hiérarchie de l’Église.
J’ai souvent fait allusion à ce problème, tant dans mes conférences que dans mes méditations quotidiennes. Un esprit de relativisme a pénétré l’Église. Dans la Déclaration d’Abou Dhabi, cosignée par le pape François et le grand imam Ahmad Al-Tayyeb le 4 février 2019, la foi chrétienne est de facto placée sur un pied d’égalité avec les autres religions, affirmant que « le pluralisme et la diversité des religions (…) sont l’expression d’une sage volonté divine, avec laquelle Dieu a créé les êtres humains ».
Bien que le pape ait légèrement corrigé cette déclaration en réponse à la préoccupation de Mgr Athanasius Schneider, il n’a pas introduit ce changement dans le document officiel, de sorte qu’il continue d’être enseigné dans les universités et les séminaires avec cette formulation problématique.
Cette assimilation de toutes les religions ne correspond pas à la vérité de l’Évangile et à la doctrine pérenne de l’Église. Avec cette tendance, l’annonce de l’Évangile perd de sa pertinence, car elle n’est plus considérée comme indispensable au salut des âmes.
Je voudrais maintenant prendre un exemple d’actualité pour montrer jusqu’où peut aller cet esprit de relativisme :
En septembre, le pape François créera 21 nouveaux cardinaux. Parmi eux se trouve un évêque auxiliaire de Lisbonne, Monseigneur Américo Aguiar, qui était en charge des Journées Mondiales de la Jeunesse en août de cette année. Dans une interview qu’il a récemment accordée à RTP Noticias, il a fait les déclarations suivantes :
« Appréciez le fait d’être ensemble. A la fin, nous nous donnons la main et nous disons : « Je pense différemment, je sens différemment, j’organise ma vie différemment, mais nous sommes frères et sœurs et nous allons construire l’avenir ensemble ».
C’est le message principal de cette rencontre avec le Christ vivant que le Pape veut donner aux jeunes. Nous ne voulons pas convertir les jeunes au Christ, à l’Eglise catholique. Rien de tout cela, absolument rien »
Malheureusement, il ne s’agit pas d’un cas isolé, mais d’un cas de figure dans la ligne de l’actuel pontificat. Mais le message de l’Évangile, auquel nous devons adhérer en tant que fidèles, reste inchangé :
“Jésus s’approcha d’eux et leur adressa ces paroles : « Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre. Allez ! De toutes les nations faites des disciples : baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, apprenez-leur à observer tout ce que je vous ai commandé. Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde” (Mt 28, 18-20).
Et saint Paul, soucieux des Églises, écrit dans sa lettre aux Galates :« Ce n’est pas qu’il y ait un autre Évangile, mais il y a des gens qui vous troublent et qui veulent changer l’Évangile du Christ. Si nous-mêmes ou un ange du ciel vous annonçait un autre Évangile que celui que nous vous avons prêché, qu’il soit anathème » (Ga 1,7-8).
Prions donc non seulement pour que le Seigneur envoie des ouvriers dans sa moisson, mais aussi pour que ceux qui sont appelés ne se découragent pas. Le Seigneur nous écoutera si nous lui demandons d’envoyer de bons bergers, qui annoncent l’Évangile sans faire de concessions et qui ne se laissent pas déconcerter, ni eux ni les autres.