MÉDITATIONS POUR LE CARÊME: « Jeûne et veilles « 

Après avoir parlé de la prière et abordé trois formes très efficaces de combat spirituel – la prière du cœur, le rosaire et l’adoration eucharistique – nous revenons maintenant à cette petite rencontre entre quelques pères du désert autour de l’abbé Saint-Antoine, par laquelle nous avons commencé nos méditations de carême. De cette conversation, nous avons tiré le concept de « discrétion », qui signifie « discernement des esprits ». Inspirés par ce terme, nous avons examiné la situation dans l’Église et dans le monde. En conclusion, il est clairement apparu que les fidèles devaient s’engager dans le combat spirituel, car les dirigeants de l’Église répandent de graves erreurs.

Il est important que les fidèles se réveillent et prennent conscience qu’ils ne peuvent pas simplement « nager avec le courant » et suivre la direction donnée par la hiérarchie actuelle sans être entraînés par ses erreurs.

Il y a quelques jours, l’évêque auxiliaire Athanasius Schneider, qui est l’un des rares à avoir ouvertement critiqué certaines décisions de l’actuel pontificat, a exhorté François, après son retour de l’hôpital, à « rétracter certains actes accomplis au cours de son pontificat, certains documents et certaines paroles qui ont créé la confusion et par lesquels il a sapé la clarté de la foi divine ».

Dans une interview accordée à l’animateur de radio Joe McClane, Mgr Schneider a expliqué comment cette correction nécessaire pourrait être effectuée. François devrait publier un document rétablissant la vérité de la foi et condamnant les erreurs les plus répandues dans l’Église de notre temps. Cela serait nécessaire pour que, de sa propre plume, les confusions et les ambiguïtés apparues au cours de son pontificat puissent être corrigées.

Selon Mgr Schneider, il faudrait notamment qu’il rétracte explicitement l’exhortation apostolique Amoris Laetitia et que le « blasphème de Fiducia Supplicans », par lequel François a autorisé la bénédiction des couples de même sexe, soit complètement aboli. Mgr Schneider affirme également que « le tristement célèbre document d’Abou Dhabi doit être clairement rétracté pour préserver l’authenticité de la foi catholique, ainsi que le processus synodal et la récente prolongation de trois ans approuvée par le pape François ».

Depuis sa publication en 2019, Mgr Athanasius Schneider n’a cessé de critiquer le Document sur la fraternité humaine signé à Abou Dhabi. Il a notamment réprouvé la phrase affirmant que « Le pluralisme et les diversités de religion (…) sont une sage volonté divine, par laquelle Dieu a créé les êtres humains », car une telle affirmation « s’oppose clairement à la révélation divine, elle contredit directement le premier commandement de Dieu qui est toujours valable : “Tu n’auras pas d’autres dieux en dehors de moi .” Le document d’Abou Dhabi « contredit tout l’Évangile ».

En ce qui concerne le contenu, je suis entièrement d’accord avec Mgr Schneider. Cependant – bien que pour Dieu tout soit possible et que je ne puisse donc pas l’exclure – je ne crois pas que le chef de l’Église rédigerait un tel document ou qu’il le rétracterait publiquement. J’ai plutôt l’impression qu’il consolide les erreurs susmentionnées. Je pense donc que nous devons continuer à nous préparer au combat et, pour cela, nous serons attentifs à ce que nous suggèrent les pères du désert.

Rappelons-nous que la conversation entre eux tournait autour de la question de savoir quelle vertu ou quelle pratique pouvait protéger un moine de toutes les ruses du diable et le conduire en toute sécurité au sommet de la perfection. Certains plaidaient en faveur du jeûne et des veilles nocturnes afin de s’unir plus rapidement à Dieu avec un esprit agile.

Aujourd’hui, le jeûne corporel a presque complètement disparu de la vie de l’Église au niveau officiel, et, avec lui, certains aspects associés au jeûne. Il faut préciser que les prophètes de l’Ancien Testament n’ont jamais critiqué le jeûne en soi, mais le fait qu’il n’était pas pratiqué avec la bonne attitude. Lorsque le jeûne et les veillées nocturnes ne visent pas la sainteté en général, ces pratiques ne contribuent pas à la croissance des vertus chrétiennes.

L’une des préfaces du Carême décrit très justement : « Tu as voulu que nous te rendions grâce par nos privations : elles rabaissent notre orgueil de pécheurs et nous invitent à suivre l’exemple de ta bonté en nous faisant partager avec ceux qui ont faim. ». La bonne motivation nous est ici montrée : le renoncement conscient et la modération dans la consommation de nourriture doivent renforcer nos forces spirituelles et aussi ouvrir nos cœurs pour reconnaître plus facilement les besoins des autres et les servir.

Il ne fait aucun doute que les Pères du désert ont raison lorsqu’ils affirment que, grâce au jeûne et aux veillées nocturnes, notre esprit devient plus agile et peut s’unir plus facilement à Dieu. Lorsque nous pensons moins à la nourriture et aux plaisirs sensuels, lorsque nous nous détachons davantage de nos envies charnelles, notre esprit devient plus libre pour s’élever vers Dieu. C’est certainement ce que les Pères avaient à l’esprit lorsqu’ils recommandaient la pratique du jeûne.

Aussi fructueuses pour notre esprit sont les veillées nocturnes, qui nous permettent de profiter du silence de la nuit pour prier Dieu de manière plus recueillie et ainsi nous unir plus facilement à Lui. Il est important de garder à l’esprit la « discrétion » suggérée par l’abbé Saint-Antoine afin d’éviter les excès. Le jeûne et la modération de l’appétit ne signifient pas avoir faim, mais pratiquer un renoncement qui, loin de nous nuire, nous renforce.

Demain, nous continuerons à aborder d’autres aspects du jeûne et des veilles, en prêtant une attention particulière aux paroles de Jésus selon lesquelles certains démons ne peuvent être chassés que par le jeûne et la prière (Mt 17, 20). Il est important de le savoir pour le combat spirituel !

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