Si la venue de l’Esprit Saint sur les apôtres à la Pentecôte marque l’heure de la naissance de l’Église, sa descente sur Marie à Nazareth marque le début de l’œuvre du salut (cf. Lc 1, 35).
L’Église nous enseigne que Marie a été préservée du péché originel en vue du Sauveur qui naîtrait d’elle. C’est le dogme de l’Immaculée Conception : par une grâce spéciale de Dieu, la Vierge Marie a conservé l’état d’innocence du Paradis. Nous pouvons ainsi découvrir comment l’Esprit Saint l’a remplie et comment elle l’a accueilli avec toute l’ouverture de son être, ce qui était sa contribution indispensable pour que cette union surnaturelle puisse avoir lieu. Aucun obstacle ne s’est dressé entre Marie et l’Esprit Saint ; aucune réserve, aucune barrière de péché, aucune résistance ; seulement la réceptivité et le don total de soi. C’est ainsi que Marie a pu concevoir le Verbe incarné que l’Esprit Saint a engendré en elle.
Bien que cet événement soit unique, il nous montre aussi Marie comme l’image et le modèle de l’Église et l’image de notre âme dans son état originel de pureté. L’Église doit devenir aussi ouverte et réceptive à l’Esprit Saint que l’était la Vierge, car Jésus veut continuer à proclamer sa parole à travers l’Église et à être présent en elle par les sacrements.
La mesure dans laquelle l’Église est guidée par l’Esprit Saint dépendra de sa pureté et de sa réceptivité. L’Église doit donc entrer dans l’école spirituelle de celle qui est son modèle, elle doit devenir « mariale », tout comme notre âme doit devenir « mariale ».
Cette école spirituelle de Marie, que Jésus nous a donnée comme Mère sur la Croix, est qu’elle nous aidera, avec l’Esprit Saint, à surmonter les barrières et les obstacles qui s’opposent à l’Esprit, afin que nous devenions réceptifs comme elle l’a été.
À ce stade, nous pouvons nous arrêter pour méditer sur le titre de Marie en tant qu’« Épouse de l’Esprit Saint ».
Outre l’aspect extérieur, qui fait de Marie l’Épouse de l’Esprit Saint par l’incarnation du Verbe, il y a aussi une signification intérieure, en termes de réceptivité et de sensibilité extrêmes de Marie à l’égard de son Époux céleste. Si, même au niveau humain, nous voyons qu’une épouse enflammée d’amour se concentre sur son époux de toutes les fibres de son être, combien plus la Mère de Dieu se concentre-t-elle sur son Époux céleste, l’Esprit Saint !
Cette attention se manifeste dans l’obéissance amoureuse de Marie à l’annonce de l’ange, dans son empressement à faire la volonté de Dieu en tant que servante, dans le fait qu’elle suive son Fils, dans son « oui » au chemin de la souffrance jusqu’au pied de la Croix .
Combien les dons de l’Esprit Saint se sont déployés dans la Vierge Marie ! C’est ainsi qu’elle est devenue la colonne de l’Église naissante.
Ce qui caractérise tout particulièrement Marie, c’est son obéissance amoureuse, qui est la marque d’une âme vivant en union profonde avec l’Esprit Saint. La volonté de Dieu est toujours le bien suprême, parce qu’elle procède du cœur le plus aimant de Dieu. C’est l’Esprit Saint qui nous met en conformité avec la volonté de Dieu. Dans le cas de la Mère de notre Seigneur, il ne lui a pas été nécessaire de surmonter les conséquences du péché originel, ni de libérer son cœur des chaînes de l’égoïsme. En revanche, en nous, il est nécessaire de surmonter tous ces obstacles avant de pouvoir nous unir à Dieu.
Mais notre hôte céleste ne nous fuit pas, pour autant que nous acceptions de nous laisser purifier par son amour. Chaque fois que nous acceptons ses conseils, la lumière pénètre plus profondément en nous et notre âme est purifiée des taches qui la rendent désagréable. De même que, dans l’Évangile, le Seigneur purifie les lépreux de leur maladie, de même l’Esprit Saint s’efforce de rendre à l’âme sa beauté originelle. Elle devient ainsi de plus en plus semblable à l’âme très pure de Marie. Elle peut même devenir, dans une dimension mystique, l’épouse de l’Esprit Saint.
Plus notre vie sera transparente à la volonté de Dieu, plus nous deviendrons d’« autres Christs ». En d’autres termes, la tête sera de plus en plus unie aux membres et pourra se refléter de plus en plus parfaitement en eux. Dans une âme remplie de l’Esprit Saint, les paroles de la Vierge deviennent la devise qui marque toute la vie : « Voici la servante du Seigneur ; que tout m’advienne selon ta parole » (Lc 1,38). L’objectif est donc de parvenir à une union parfaite avec la volonté de Dieu.
Si nous aspirons à l’obéissance parfaite de l’amour envers notre Père et que nous voulons vivre dans une profonde intimité avec l’Esprit Saint, un conseil éminent est de nous confier spécialement à la Mère de Notre Seigneur.
Si nous avons dit que l’Esprit Saint ne recule pas devant les taches qu’il trouve dans une âme, mais commence à la purifier, combien plus grande sera sa joie de pouvoir travailler dans une âme déjà purifiée, en l’aidant à remplir entièrement la mission que le Seigneur lui a confiée sur la terre !