Mc 8,27-33
Appelant la foule avec ses disciples, il leur dit : « Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive. Car celui qui veut sauver sa vie la perdra ; mais celui qui perdra sa vie à cause de moi et de l’Évangile la sauvera.Quel avantage, en effet, un homme a-t-il à gagner le monde entier si c’est au prix de sa vie ? Que pourrait-il donner en échange de sa vie ?Celui qui a honte de moi et de mes paroles dans cette génération adultère et pécheresse, le Fils de l’homme aussi aura honte de lui, quand il viendra dans la gloire de son Père avec les saints anges. » Et il leur disait : « Amen, je vous le dis : parmi ceux qui sont ici, certains ne connaîtront pas la mort avant d’avoir vu le règne de Dieu venu avec puissance. »
Le concept de « renoncement à soi », qui nous introduit à un sens plus profond de la suite du Seigneur, est de moins en moins compris aujourd’hui. Ce terme décrit de manière réaliste ce qui doit se passer pour que le plan de Dieu puisse se dérouler dans notre vie.
Se « renier » signifie ne pas chercher par soi-même la réalisation de ses désirs et de ses illusions. Ainsi, ce concept nous montre la vérité profonde selon laquelle l’homme ne connaît pas tout seul le chemin du vrai bonheur. Nous sommes encore trop égocentriques et trop affaiblis pour nous mouvoir fermement dans une lumière surnaturelle et avancer sur le chemin de Dieu. Habituellement, l’homme reste centré sur lui-même et maintenant, avec la grâce de Dieu, il doit apprendre à centrer tout son cœur sur Dieu. Même s’il a l’intention de ne rien mettre avant Lui, cela ne signifie pas nécessairement qu’il le mettra toujours en pratique. De même, le fait d’aimer une certaine vertu et d’être attiré par elle ne signifie pas que l’on l’a déjà acquise.
Ainsi, le renoncement à soi devient un chemin spirituel, qui peut même conduire au martyre, de sorte que l’on devient capable de renoncer même à sa propre vie pour l’amour de Dieu. Le concept clé ici est l’amour !
Suivre le chemin de l’abnégation signifie que l’amour du Christ devient plus grand que notre amour-propre. Si nous suivons le Seigneur et lui demandons que cela se produise en nous et que nous sommes transformés par son Esprit, alors un profond processus de purification commencera. Le Seigneur nous fera voir les points où nous nous possédons encore et, en même temps, il nous invitera à renoncer à nous-mêmes pour le suivre. Cela implique aussi d’accepter la croix qui se trouve sur notre chemin… Nous résistons souvent à cette croix, mais c’est précisément son acceptation qui est un pas important vers l’abnégation et fait grandir notre amour pour Jésus.
Dans le contexte de ce qui a été dit jusqu’à présent, il faut également comprendre le » sauver sa vie » mentionné par Jésus dans l’Évangile d’aujourd’hui. Bien que ces mots aient dû se référer en premier lieu au danger concret de la persécution, il ne fait aucun doute qu’ils ont également une signification intérieure. Chaque fois que nous voulons « sauver notre vie », c’est-à-dire chercher notre sécurité non pas dans la volonté de Dieu mais ailleurs, nous sommes invités à nous abandonner complètement à Dieu, à nous confier à Lui… Cela vaut aussi pour les moments où nous risquons d’éviter certaines démarches nécessaires à la croissance spirituelle ou d’esquiver des confrontations inévitables ; où nous n’osons pas nous confesser au Seigneur par peur des conséquences… Dans tous ces moments, nous sommes, pour ainsi dire, en train de « sauver notre vie » ; et pourtant, nous allons la perdre. Si, par contre, nous perdons cette vie égocentrique pour l’amour du Seigneur, alors la vie de la grâce grandira, de sorte que nous « sauvons la vie surnaturelle ».
Si nous développons soigneusement notre vie spirituelle par l’abnégation, nous pourrons rester fidèles à notre foi lorsqu’elle sera attaquée.
Nous pouvons remarquer une apostasie croissante dans le monde, qui accroît le rejet et même l’hostilité envers la foi chrétienne. En ces temps difficiles, il est d’autant plus important d’entreprendre les voies de l’abnégation et de suivre le Christ. La présence vivante de l’Esprit Saint, qui déploie en nous ses dons et notamment celui de la force d’âme, nous permettra de rendre un bon témoignage même dans un environnement hostile, sans avoir honte des paroles du Seigneur. Dans sa force, nous confesserons le Seigneur et nous nous accrocherons à lui.
Le Seigneur s’en souviendra et n’aura pas honte de nous en ce jour, lorsqu’il viendra parmi les saints anges avec la gloire du Père !