Adoration eucharistique et guérison intérieure
Les gens en général – et nous aussi, les fidèles – sont souvent blessés à l’intérieur de nous-mêmes, parce que nous n’avons pas reçu assez d’amour ou que nous avons été victimes d’un abus d’amour. En conséquence, de graves déficiences peuvent apparaître dans l’âme, et la sphère émotionnelle peut être si perturbée que ces personnes profondément blessées peuvent se fermer de l’intérieur.
Si de telles émotions se manifestent en nous, nous pouvons les ouvrir au pouvoir de guérison du Saint-Sacrement en les remettant au Seigneur dans la prière ou en invoquant le nom de Jésus en silence. De cette façon, nous pouvons embrasser même les domaines inconscients de notre âme, en demandant au Seigneur de guérir les blessures intérieures et de dissoudre les barrières qui en ont résulté en nous. Il s’agit également de ces blessures inconscientes dont nous ressentons les effets, même si nous ne savons pas comment elles sont apparues.
Là, dans l’Eucharistie, ces paroles du Seigneur résonnent et sont vivifiées de manière particulière : « Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos. Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos pour votre âme » (Mt 11, 28-29).
C’est cette douceur du joug de Jésus, que l’on peut expérimenter particulièrement dans l’adoration silencieuse du Saint-Sacrement, qui permet aux personnes blessées de s’ouvrir plus facilement. La présence eucharistique est comme un soleil spirituel, qui est simplement là et par lequel nous pouvons nous laisser éclairer et réchauffer.
La guérison des blessures intérieures n’est pas une mince affaire, car ces blessures nous bloquent souvent dans notre relation avec Dieu, avec les gens et avec nous-mêmes. Prenons par exemple le cas de quelqu’un qui croit qu’il n’est pas aimé, et ce sentiment le domine ou, du moins, apparaît fréquemment. C’est un de ces fardeaux que nous pouvons porter devant le Seigneur et, avec le temps, nous constaterons que là, dans le Saint-Sacrement, nous rencontrons un amour qui est simplement là pour nous et qui nous enveloppe sans cesse.
Adoration eucharistique et croissance sur le chemin spirituel
Pour son développement spirituel, l’âme a besoin de moments de silence. Elle souffre du bombardement constant de stimuli, qui conduit à la dispersion et à la superficialité. De même, l’âme a besoin d’une saine ascèse, afin de s’ouvrir aux contenus qui lui sont bénéfiques sur son chemin spirituel et d’éviter ceux qui ne le sont pas. Dieu parle davantage par le silence que par des événements bruyants. Souvenons-nous du prophète Élie, qui s’attendait à trouver Dieu dans l’ouragan, dans le tremblement de terre et dans le feu, mais qui l’a finalement reconnu dans le murmure d’une brise légère, ce qui ressemble à la manière dont l’Esprit Saint agit (cf. 1 Rois 19, 11-13).
L’adoration eucharistique en silence nous invite à entrer en nous-mêmes, à acquérir une nouvelle sensibilité pour écouter Dieu, à discerner et à intérioriser devant Lui les choses que nous avons vécues, à percevoir plus profondément la présence divine… L’adoration eucharistique est un prélude à l’éternité, où nous vivrons éternellement en contemplant Dieu face à face. Bien sûr, il y a aussi une grande différence, qui est de notre côté. Tant que nous sommes sur terre, nous vivons par la foi et devons encore lutter contre les distractions ; alors que dans l’éternité, nous jouirons de la vision béatifique de Dieu, c’est-à-dire que nous le verrons sans voile.
Le culte silencieux est une lumière spirituelle, que nous ne sommes souvent pas encore en mesure d’assimiler pleinement. Il arrive donc facilement que, lorsque nous pratiquons cette forme de prière silencieuse, nous découvrions notre agitation et notre impulsivité ; nous percevons une sorte de vide intérieur et d’ennui, et nous pouvons même avoir l’impression que cela ne sert à rien d’être là… Au lieu de fuir, nous devrions déposer tous ces sentiments aux pieds du Seigneur. Il saura les toucher et les transformer !