Marie-Madeleine, voulant montrer son amour pour le Seigneur même dans la mort, court au tombeau avant le lever du jour.
« On a enlevé le Seigneur de son tombeau, et nous ne savons pas où on l’a déposé » (Jn 20,2) – s’exclame-t-elle avec douleur, lorsqu’elle découvre que la pierre du tombeau a été enlevée. Ne laisse-t-on même pas les morts en paix ? Où est son Seigneur ?
Deuil pour le Seigneur ; douleur pour les hommes, qui n’ont pas reconnu leur Rédempteur et l’ont crucifié… Deuil de la Mère pour le Fils bien-aimé ; chagrin et désarroi parmi les disciples, qui se disent dans la confusion : » Nous, nous espérions que c’était lui qui allait délivrer Israël « (Lc 24, 21).
Mais le Seigneur est descendu en enfer, auprès de ceux qui attendaient encore la Rédemption, et leur a aussi rempli de son amour.
Judas a consommé sa trahison et Jésus est saisi. Cela se passe après que le Seigneur, à Gethsémani, ait accepté la souffrance des mains de son Père et ait donné son « oui » à tout ce qui était devant lui.
Un OUI qui a dû passer par l’angoisse et l’agonie ; un OUI, après avoir demandé à son Père que, si possible, cette coupe passe sans qu’il ait à la boire (cf. Mt 26, 39-44) ; un OUI qui exprime un abandon inconditionnel au Père ; un OUI par amour pour nous les hommes.
“Au cours du repas, Jésus se lève de table, dépose son vêtement, et prend un linge qu’il se noue à la ceinture ; puis il verse de l’eau dans un bassin. Alors il se mit à laver les pieds des disciples et à les essuyer avec le linge qu’il avait à la ceinture.” (Jn 13, 4-5)
Quel grand amour nous est manifesté en ce jour, quels gestes extraordinaires nous rencontrons ! Le Seigneur du ciel et de la terre lave les pieds de ses disciples, leur révélant ainsi plus profondément ce qu’est leur vie de disciple : il s’agit de servir. Dieu lui-même, dans son amour infini, sert l’homme ; et il nous appelle à vivre dans ce même service.
Judas Iscariot alla trouver les chefs des prêtres et leur dit : « Que voulez-vous me donner, si je vous le livre ? » Ils lui remirent trente pièces d’argent. (Mt 26,14-15)
La trahison de Dieu en échange d’argent injuste… Combien de fois cette histoire se répète-t-elle ! Combien de fois les gens se vendent au prix de l’argent, des honneurs, des plaisirs désordonnés, du pouvoir !
« Amen, amen, je vous le dis : l’un de vous me livrera. » (Jn 13,21b)
Trahison ! Ici, les abîmes les plus terribles du cœur humain sont révélés. Trahir son ami, trahir son Maître et Seigneur, trahir l’amour ?
Apparemment, personne d’autre que le disciple bien-aimé n’a osé lui demander qui était celui qui allait le trahir. Lui seul, qui avait une relation de confiance particulière avec le Seigneur et à qui Pierre avait demandé par un signe de l’interroger… Le cœur de Jean était pur et il aimait le Seigneur sans partage. Il a pu poser la question face à cette déclaration qui avait laissé tout le monde perplexe. Celui qui aime et dont le cœur est purifié, peut affronter l’ombre et n’a rien à cacher. Jean s’appuya donc sur la poitrine de Jésus et lui demanda : « Seigneur, qui est-ce ?” (Jn 13, 25) Ce geste d’amour et de confiance était pur et sincère, contrairement au baiser du traître, qui a abusé de cette expression d’amour, la mettant au service de sa méchanceté.
« Marie avait pris une livre d’un parfum très pur et de très grande valeur ; elle versa le parfum sur les pieds de Jésus, qu’elle essuya avec ses cheveux. » (Jn 12, 3)
Quel geste tendre de la part de Marie, nous dit ce passage de l’Évangile ! C’est une tendresse qui correspond à l’être de la femme, et qui reflète sa beauté et sa capacité à se donner. Marie a donné tout son cœur à Jésus, et quel réconfort cette âme aimante a dû lui apporter au milieu de tant d’hostilité. Quelque chose de semblable lui arrivera lors du chemin de croix, lorsque Véronique lui essuiera le visage.